Icare sur deux roues

Si seulement Icare avait imaginé le vélo, ce nest pas deux paires d'ailes qu’il aurait inconsidérément utilisé, mais deux roues, un guidon et une sonnette! Ainsi, d’en haut, dans ce ciel bleu surplombant la mer, même les dieux l’auraient entendu et les oiseaux l'auraient envié pour son vol à fleur d'eau, à un rien de la terre, à deux doigts de son destin! 
Si seulement Icare avait deviné ce piège labyrinthique, l'île de Crète de Minos aurait été encore plus belle et non pas une prison pour Dédale, son père, et lui-même! La vie est labyrinthique et inattentive, est une métamorphose solitaire! Et Ovide le savait bien! 
Si seulement Icare avait rêvé ce rêve impossible à réaliser, fait de rayons, cela eut  été bien mieux pour lui que de voler avec les ailes de plumes de mouettes et de cire et s'écraser contre le soleil amusé, ce grand vieillard qui n'a de cesse de faire lumière sur toutes les injustices!
Si seulement Icare avait eu le temps de fantasmer, il aurait pu se raconter des histoires et à la place des ailes, aurait seulement demandé une paire de pédales à son père!
Si seulement Icare avait imaginé être capable de voler sans être trahi par un rêve jamais réalisé, par un mirage à l'horizon, par une illusion de l'avenir, qui sait, peut-être aurait-il préféré une belle promenade “vue sur la mer”... 
Qui sait, peut-être se serait-il diverti à faire du vélo sans les mains, qui est un peu comme voler, sans tomber dans les bras de cette mer et disparaître à jamais dans le souffle mythique de la mémoire!

dessin de Roberto Sironi - acrylique sur carton léger 

Licenza Creative Commons
Quest' opera è distribuita con licenza Creative Commons Attribuzione - Non commerciale - Non opere derivate 3.0 Unported.